Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

médecins, le rendait de temps en temps rêveur. Il n’avait encore que l’allure d’un député, mais bientôt il friserait le marchand enrichi dans les denrées coloniales, cela nuirait à son aristocratie parfumée de benjoin.

— Le mariage diminuera ça ! dit-il riant d’un air convaincu.

Exaspéré, le savant s’éloigna sous prétexte de gourmander Tulotte.

Celle-ci, pétrifiée par la sobriété de tous ces gens, cherchait fiévreusement un carafon de rhum. Il n’y avait que du thé, des gâteaux, très fins à la vérité, mais aucune liqueur forte.

— Mon cher frère, dit-elle aigrement, je ne pense pas que notre Charles aille les boire à la cuisine ? Où sont donc vos fameux digestifs ? Le thé, c’est de l’eau chaude, une boisson bonne pour des Chinois… Je voudrais bien trouver quelque fiole plus réconfortante.

— Juliette, répondit le docteur avec un mouvement de colère qu’il ne put réprimer, allez donc vous coucher !

— Hein ? me coucher ! moi votre… ta sœur !… quand tu reçois et qu’il n’y a pas d’autre femme pour tenir compagnie à mon élève ?

— Allez vous coucher ! vous dis-je, et Célestin lui serra le poignet en la poussant vers la porte.

— Oh ! c’est dur ! s’écria Tulotte à demi suffoquée, n’osant pas faire une scène devant les invités.

Celle-là payait pour Mary. Il passa dans son ca-