— Sans doute ! murmura-t-elle avec un rictus railleur dont il ne pouvait saisir le sens.
Antoine-Célestin Barbe, venu derrière eux, s’essuyait les tempes, n’écoutant pas un enragé qui voulait lui développer sa théorie sur la cristallisation de l’acide carbonique.
« Mon Dieu ! songeait-il, pourvu qu’il ne sache jamais cela !… Car je le trompe, cet homme, après tout, et le médecin sait mieux que le viveur quel genre de confiance il faut accorder à une femme de cette espèce. Elle ne l’aime pas, elle n’aime rien, elle a la cruauté de vouloir en torturer deux au lieu d’un… Aveugle ! imbécile qui se croit fort !… »
Et le vainqueur de l’acide carbonique se démenait furieux.
— Mary, dit Célestin chancelant sur ses jambes, va donc t’occuper des gâteaux : on ne mange ni on ne boit, ce soir, et on a besoin, ce me semble, de se reposer !
Ce qu’il n’osait pas s’avouer à lui-même, c’est qu’il était jaloux de les voir causer à voix basse si près de lui.
— Un trésor ! bégaya le baron quand elle fut partie, et il lui serra les mains avec effusion.
— Vous ne pensez plus à maigrir ? riposta ironiquement le docteur, incrustant ses ongles dans son gilet.
— Est-ce que vous trouvez que ce ventre ?… et de Caumont s’examina à la dérobée. Son naissant embonpoint, pour lequel il consultait tous les