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cris s’élevèrent de la foule, un cavalier d’attaque avait roulé à terre.

— Si vous ne me laissez pas aller au drapeau, Monsieur, dit Zaruski, je vais vous passer sur le corps pour éviter un accident.

Soudain le chasseur exécuta une volte très habile, se remit en selle et courut droit au fort pendant que Zaruski emporté par son élan le suivait, bride abattue.

Les demoiselles du trésorier abaissèrent les banderoles sans voir qu’il y avait deux vainqueurs au lieu d’un. Zaruski sauta, ainsi qu’il était convenu, à bas de sa monture, mais il demeura coi en présence du tour incroyable de l’ennemi qui avait dressé son cheval debout, les deux pieds de devant sur le fort dont il enfonça les créneaux de carton.

— Ah ! la bonne plaisanterie ! hurla Zaruski, les bras ballants de stupeur, et ne pouvant en aucune manière gagner le trône de Mary par le même chemin.

L’émotion de la foule était à son paroxysme. On trépignait de joie, et, là-bas, sur la piste, on ramenait des cavaliers couverts de contusions. Le colonel mâchait de formidables jurons. Le sous-préfet pinçait les lèvres.

— Le drapeau, Mademoiselle ! réclama le chasseur, riant de la voir si jolie de près.

— Jamais ! rugit-elle, et soudain, transfigurée par un intraduisible sentiment de haine, elle arracha l’étendard qu’elle précipita dans le vide. Le chasseur eut