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Pagosson ; chez le sous-préfet, toujours la même réserve, le même charabia dans les coins et les mêmes airs béats. Les bourgeois ne se souciaient pas d’aller voir derrière les fortifications si le colonel y était !

Au petit théâtricule de Haguenau on jouait la Belle Hélène, et quand Messieurs du 8e sifflaient, le pékin ne bronchait pas. Chacun ses goûts ! semblaient dire leurs impassibilités. La vengeance était sans doute attendue d’ailleurs, de plus haut, pour le colonel Barbe.

Ce fut à Haguenau que Mary débuta dans les exercices équestres. Son père lui offrit un poney, car il avait été fort content de sa tenue durant la scène de la provocation. Corbleu ! elle tenait de lui, la petite ! Elle vous lançait un regard impertinent droit à son but… Bien… bien… on la récompenserait. Le régiment, pressentant une future héroïne, se mêla de l’instruction. Jacquiat lui donna la prudence, la sûreté de la main, de Courtoisier le galop de chasse qui laisse tout le monde à mille mètres dans la plaine, Pagosson la sûreté de l’assiette, Zaruski le saut des fossés et la façon de se relever quand on a la tête posée à la hauteur de son étrier ; pour Corcette, il lui apprit des tours que le colonel ne craignait pas de déclarer du ressort des clowns. Madame Corcette accompagnait leur élève, en amazone verte dont les boutons d’or lui faisaient une étonnante livrée. Tout n’était pas gai, pourtant, le colonel avait souvent le souvenir de son fils qui le torturait, et il le voyait