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chercher un mari qui ait des rentes… ma jeune princesse. C’est ton jour de catéchisme aujourd’hui, la bonne madame Corcette viendra, tâche d’être polie. Si tu crois que ça l’amuse, cette dame, de venir faire une pareille corvée ?…

Mary se taisait, fronçait les sourcils quand Tulotte lui tirait les cheveux aux endroits sensibles, et grelottait de tous ses membres, car la servante, étourdie de sa petite orgie de la veille, n’avait pas pensé à chauffer le tuyau de leur chambre.

— J’étais bien malade hier, reprit-elle un peu honteuse, cette imbécile d’Estelle avait mis du poivre dans ses ragoûts. Je suis sûre aussi que ton père est malade et il y a une inspection aujourd’hui ; le 8e n’a qu’à se tenir droit.

Mary, qui était le 8e hussards de Tulotte, avait beau se tenir droite, elle recevait d’effroyables coups de démêloir.

Soudain, de la chambre voisine partit un cri terrible, un cri de femme désespérée. Tulotte laissa échapper le peigne et les cheveux ; Mary porta ses poings à ses oreilles.

— Ah ! mon Dieu ! fit la vieille demoiselle secouée d’un frisson, est-ce qu’il est arrivé quelque chose à l’enfant ?

La nourrice apparut sur le seuil, les yeux hors de la tête.

— Mademoiselle !… je suis perdue ! Venez vite ! on me fera fusiller bien sûr ! Mademoiselle, je voudrais être le chien…, non, ce n’est pas Jésus possible ! il était