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madame Corcette avait disparu, elle était allée dans une auberge voisine remiser le break du colonel ou se chauffer les pieds au feu de quelque paysan ; elle avait toujours froid aux pieds, madame Corcette. L’instruction religieuse était terminée depuis longtemps quand elle revenait chercher mary ; celle-ci, assise tristement dans un coin de cette église glaciale, contemplait les saints immobiles, ou rêvait à des brises folles qui épanouissent le cœur au milieu d’une exquise senteur de rose. Souvent, elle finissait par pleurer de rage sans trop savoir pourquoi, et quand elle arrivait, cette jeune femme, elle lui aurait craché à la joue pour se venger d’une chose qu’elle comprenait à peine. Alors, madame Corcette l’embrassait tendrement.

— Ma pauvre petite fille, disait-elle sur un ton navré, je ne suis pas assez pénétrée de ma mission, non, je crois que je n’en suis pas digne. Oh ! c’est sacré, vois-tu, une église ! Moi, je ne peux pas y rester cinq minutes sans être toute impressionnée !… La prochaine fois ce sera ta bonne qui t’accompagnera… Je suis si frivole, ton père est un fou de te confier à moi… ma chère Mary… Dire que je ne puis être sa vraie mère !

Et elle soupirait, sincère dans son repentir d’une seconde, ayant l’idée théâtrale d’un pardon demandé publiquement à la petite fille, en pleine église, devant le curé béant et les écoliers de ce hameau tout pétrifiés. On rentrait au chalet en expliquant les passages de l’évangile, madame Corcette se plon-