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graves, des pensées presque tendres, menaçait de très mal tourner.

— Oui, papa ! répliqua Mary, disant oui tout de suite pour avoir le droit de se sauver.

Le colonel lui prit le bras qu’il serra un peu brutalement. On sentait que dans ce père, encore incertain du mal qu’il faisait, le remords se mélangeait à son désir d’avoir, l’hiver comme l’été, une maîtresse fort drôle. Maintenant, il n’y avait plus de courses à cheval, plus de frairies, plus de parties sur l’herbe, plus de petits voyages en bateau ; on se cantonnerait chez soi, dans le chalet, on aurait la nourrice et Tulotte sans cesse derrière les épaules et cela deviendrait mortellement triste. Aussi avaient-ils, elle et lui, organisé cet innocent mensonge d’une instruction religieuse. Madame Corcette viendrait tous les dimanches et tous les jeudis pour conduire Mary à la petite église de Sainte-Colombe, leur paroisse ; ensuite… pendant que l’enfant profiterait des enseignements du curé… Mais quel ennui d’avoir d’abord à expliquer ces choses si simples !

— Voyons, fit-il d’un ton grondeur, car au fond sa conscience lui faisait mille reproches, tu ne vas pas faire ta bête, hein !… Je suis déjà assez mécontent de toi, Mademoiselle. Tu polissonnes comme un gamin des rues ; tu n’es jamais rentrée à l’heure des repas. Tout cet été tu as couru les chemins avec un petit voyou. Si je le pince, celui-là, je lui tire les oreilles d’une rude manière, je t’en préviens ! C’est qu’a ton âge on est grand, il faut songer à