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était là, devant sa corbeille de prédilection, épluchant le rosier de l’Émotion qui se fleurissait gaillardement d’une seconde rose comme l’avait prédit Siroco. En apercevant la petite, le bon jardinier n’eut pas le courage de lui faire froide mine.

— Allons ! entrez, dit-il doucement, mais vous allez être bien ennuyée, Mademoiselle Mary, votre ami est parti !

— Parti, Siroco ?… s’exclama-t-elle dans une douloureuse surprise… parti… sans me dire adieu ?

— Hélas ! Mademoiselle, fit le brave homme hochant la tête, ce sont les méchants enfants qui restent… Siroco est mort, voilà une semaine, d’une manière de gros rhume pris je ne sais où !… Je l’ai fait enterrer gentiment à mes frais, le pauvre gamin !…

Mary s’en retourna, muette, ne pouvant pas pleurer, tenaillée d’une douleur atroce.

Ainsi, il était parti comme il était venu, dans un tourbillon de ce vent chaud qui se montrait miséricordieux aux petits enfants orphelins… parti sans la revoir, parti pour toujours !

Et chaque fois que soufflait le joyeux siroco, Mary s’enfermait dans sa chambre en se bouchant les oreilles…