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aujourd’hui. Tiens ! je voudrais sortir pour leur dire un mot…

— Reste tranquille, souffla Siroco désespéré, tu serais punie, et moi on me ramasserait d’une belle façon… La paix, Castor, ajouta-t-il en envoyant une bourrade au chien qui voulait s’élancer vers son maître.

Le colonel passa enfin suivi des officiers, riant entre eux de la rencontre du petit au moment où on pensait aux fredaines. Jacquiat, si empressé jadis, n’eut même pas une parole de regret concernant Mary.

— Je vous déteste ! cria la petite fille, tendant le poing derrière l’épaisse verdure de la tonnelle.

— Du calme ! dit Siroco, et le vin pur ayant agi sur ses nerfs, à lui aussi, il la pinça vigoureusement.

Mary éclata en larmes.

— Que je suis malheureuse !… oui… je l’étranglerai.

— Qui ?… moi ? demanda Siroco, très rouge.

— Oh ! non… pas toi, Célestin, mais Jacquiat, madame Corcette, la nourrice… papa… tous, tous…

— Faudra z’élargir la porte du cimetière, avant ! conclut Siroco en haussant les épaules.

Et pour que rien ne se perdit, il alla récolter les galettes abandonnées.

Mary n’en voulut pas, par une secrète dignité que Siroco ne comprit guère ; quant à Castor, délivré, il monta sur leur table et dévora les restes sans aucun scrupule.