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Tout d’un coup, il se releva, la saisit par ses longs cheveux noirs et se mit à la traîner sous le bosquet des Moussues. La violence de la douleur fit perdre connaissance à Mary, lorsque Siroco, fier de sa victoire, s’arrêta et se retourna, elle ne donnait plus signe de vie.

— Mon Dieu ! songea le jeune jardinier, épouvanté de cette complète immobilité, elle est morte !

Il l’enleva dans ses bras, très robustes, en l’appelant.

La tête de la fillette retomba inerte, toute pâle.

— Pour sûr, elle est morte… je l’ai tuée !… se disait Siroco, en proie au plus vif désespoir.

Il revint sur leur lit de roses, la coucha bien doucement et s’agenouilla, les larmes aux yeux, devant ce joli corps roidi. Comme les baisers n’y faisaient rien, il alla tremper son mouchoir dans l’eau du lac. Mary éternua sous les aspersions, elle ouvrit les paupières.

— J’ai mal derrière la tête, dit-elle de son ton rageur.

Siroco, plein de joie, lui répondit :

— Quelle peur tu m’as faite ! Oh ! Mary, pardonne-moi, je ne recommencerai jamais, je suis un méchant.

— Où est la rose ? demanda-t-elle repoussant ses belles protestations avec un geste de princesse.

Siroco courba le front ; il était écrit au livre du destin, que Siroco ferait des bêtises ce jour-là. Il se dirigea de nouveau, toujours le front baissé, vers le