Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mary lui tirait la langue et se mutinait affreusement, ravageant les fleurs, mordant ses poings, tapant sur son chien.

— Je veux la rose… je la veux… ou tu n’es plus mon amoureux, ou je ne reviens jamais.

Siroco tenait de cette enfant des riches les premières caresses qu’il eût reçues depuis qu’il était au monde ; il l’adorait, et il souffrait de la voir aussi méchante.

Il la saisit en se garant de ses coups de griffes.

— Ma petite femme, soupirait-il, le cœur très gros, je t’en prie, ne te fâche plus… C’est comme si tu demandais la lune, encore que ce sacré rosier n’a pas d’autres boutons, non, vois-tu, je ne le peux pas.

Il reçut un de ses ongles dans les yeux. Alors, désespéré, il la fouetta tout doucement avec une branche, n’osant pas frapper trop fort.

Mary s’empara de la branche et la lui arracha. Des épines lui étant entrées dans les doigts, il se mit peu à peu en colère, bientôt ; ils se prirent aux cheveux, se roulant, se mordant, s’égratignant.

Castor, furieux de voir bousculer sa jeune maîtresse, se jeta sur le tas, déchirant les habits du jardinier, au hasard de la gueule.

Mary ne criait pas, elle tapait, le poing fermé, serrant sa bouche mince, le regard luisant de fureur.

Siroco claquait, disant des choses horribles, apprises entre gamins.

— Tiens ! petite peste ! Tiens ! petite saleté ! Tiens ! coureuse ! vaurienne ! diablesse !…