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des jeux de toutes sortes. La férule de Tulotte ne se dressait plus menaçante, mademoiselle Parnier ne causait plus de l’enfer et le papa ne menaçait plus du fouet. Oh ! comme elle aurait voulu une maman pareille à madame Corcette, mais moins mal élevée, si cela était possible !… et une bonne comme Manette, mais lavant les verres graisseux. Au petit frère qui arrivait elle ne pensait point, se disant que, peut-être, il hésiterait en route ! Les marchands de choux ne sont pas pressés, dit-on !…

Elle fut réveillée dès l’aube par madame Corcette, toute de noir vêtue, n’ayant gardé dans sa toilette sombre que le plumet blanc de sa toque. La jeune femme pleurait sous sa voilette.

— Mary, balbutia-t-elle, s’agenouillant devant le lit, tu vas être une petite fille bien malheureuse… je ne peux pas t’expliquer… ton papa te demande tout de suite, nous allons te reconduire… Oh ! ma pauvre Mary… quel chagrin… Allons ! du courage, mon enfant… nous t’aimerons bien… je ne peux pas te dire…

— Monsieur Corcette vous a battue ? s’écria Mary indignée, et ne l’ayant vue pleurer que le jour où son mari lui avait jeté un os de côtelette dans l’œil.

— Non !… non !… chère Mary… il faut que tu t’en ailles !… je ne peux pas te dire…

Mary, à moitié réveillée, ne comprenait plus ces pleurs, ce costume, ce langage plein de mystère. Elle démêla qu’il fallait s’en aller tout de suite et elle en eut une espèce de colère sourde. Quand elle