Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.

partit pour la rue de la Gendarmerie, elle ne revint que le soir et sa figure était renversée. Le capitaine Corcette, revenu de son côté de la manœuvre, paraissait lugubre. Manette poussait de profonds soupirs, échangeant avec ses maîtres des signes d’intelligence quand elle croyait que Mary ne la regardait pas.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda la petite fille. Madame Corcette, vous avez l’air de me bouder

— Non !… non… chère mignonne, dit celle-ci la pressant contre son cœur, je suis inquiète à cause du frérot… et le marchand de choux m’a raconté des choses terribles.

On n’essaya pas de se distraire ce soir-là. Corcette fit seulement des tas de cocottes en papier de couleur tandis que Mary, assise parmi les chats, ses nouveaux amis, pensait tristement qu’une semaine de vacances est bien vite finie.

— Maman n’a pas dit quelque chose pour moi ? interrogea-t-elle encore durant un silence très pénible.

— Si… si… mon enfant, elle m’a chargée de te dire de ne pas oublier de faire ta prière au petit Jésus, répondit madame Corcette cachant des larmes.

Mary, toute la nuit de ce samedi, dormit d’un lourd et bon sommeil d’enfant qui s’est fatigué à courir, elle n’eut aucun des cauchemars qu’elle avait d’habitude chez elle, dans le grand lit du chanoine ; ses nerfs, distendus par le plaisir, demeuraient plus calmes à présent qu’on les occupait à