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Et elle repartit de son pas de gendarme, infatigable.

Vers deux heures, toute une bande arriva de Dôle, les uns à cheval, les autres dans le break du colonel, qu’on empruntait souvent.

Mary fut installée au milieu de ces messieurs, Jacquiat, de Courtoisier, Pagosson, Zaruski, dans la voiture ; Marescut et Steinel galopaient aux portières. Madame Corcette, plus grave que de coutume, parlait des précautions dont un accouchement difficile doit s’entourer. Soudain, elle s’aperçut qu’elle avait oublié de peigner Mary.

— Une jolie maman que vous feriez ! s’exclama Zaruski, et tous les autres pouffèrent de rire. Elle assurait que si, regrettant son mari, le pauvre chatfoin, resté aux arrêts, se fouillant pour trouver un peigne.

— Voilà ! dit le plus jeune des hussards présentant son peigne à moustache. Alors, on défit les cheveux de Mary, et il y eut un cri d’admiration quand leur nappe d’encre se répandit sur les dolmans chamarrés et les pantalons garance. L’ordonnance qui conduisait poussait ferme son attelage, le vent s’engouffrait sous les stores du break ; bientôt la chevelure s’éparpilla, immense, chacun recevait des mèches dans la figure, elles s’attachaient aux brandebourgs, s’entortillaient autour de leur cou, on ne pouvait plus les renouer.

— Ma foi, j’y renonce, cria madame Corcette en rendant le peigne.