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dressant à Manette qui arrivait avec des compresses, quand on joue avec un garçon…

La philosophie de cette phrase naïve produisit une réaction.

Corcette se précipita aux pieds de sa femme, lui demandant pardon, répétant qu’il méritait la pire des morts. Il les embrassait toutes les deux au hasard des lèvres, les chatouillant afin de les faire sourire, et, de temps en temps, imitant la voix d’un très petit enfant, disait qu’il ne le ferait plus !… Madame Corcette finit par s’adoucir ; on eut une signature de la paix magistrale, les chats exécutèrent des cabrioles dans les débris du déjeuner, Manette alluma du rhum. Ah ! c’était une maison bien joyeuse que celle du capitaine Corcette !

Tulotte apporta les vêtements de Mary avant la fameuse promenade en voiture. Madame Barbe souffrait beaucoup, le colonel ne décolérait pas, et l’oncle de Paris se montrait fort inquiet de la suite des affaires. On priait madame Corcette de garder la petite toute la semaine, s’il était possible.

— Possible ! s’écria la jeune femme, elle est adorable, un vrai bijou ! elle s’amuse de nos farces comme une prisonnière qui sort de prison. Ah ! elle restera tant qu’on voudra !

— Oh ! oui ! déclara Mary les paupières baissées devant son institutrice.

— Ingrate ! formula la cousine Tulotte, navrée que son éducation mit si peu de cœur au fond de l’étroite poitrine de sa nièce.