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tain qu’il fera beau… et qu’on recevra la visite d’une fée ! Madame, Madame, venez vite !… La fée est par là… éveillez-vous donc !

Madame Corcette, déshabillée, entra se tamponnant les yeux d’une éponge.

— On ne peut pas dormir, ici… fit-elle comme réveillée en sursaut. Où diable voyez-vous des fées, ma pauvre Manette ?

— Dam ! c’est mademoiselle qui veut sans doute nous en conter !

Et Mary dut expliquer la chose tout au long. Le capitaine arriva, il haussa les épaules, elles étaient folles, pour lui il allait au jardin faire un tour. Quelques minutes après réapparaissait la magicienne, mais plus grande, plus forte, cependant avec la même voix de polichinelle enrhumé.

Manette levait les bras au ciel, madame Corcette se sauvait en hurlant, le chignon ébouriffé, la chemise flottante.

Pour Mary, elle y perdait sa fable de Lafontaine. Elle ne croyait plus aux fées, mais tous ces changements de costumes, rapides comme les trucs de théâtre, la bouleversaient.

À déjeuner on ne parla que de l’apparition, et Manette jura Jésus et la Vierge qu’elle avait demandé à la fée de réaliser un de ses vœux.

— Lequel ? interrogea le capitaine Corcette.

— Celui de vous donner une jolie petite fille comme Mademoiselle ! riposta Manette.

— C’est vrai, murmura madame Corcette, em-