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On ne se doutait même pas de sa sortie que, déjà, Berthe réapparaissant, très poudrée, mais très belle, dans l’éclat des lampes, se mettait à rire d’un rire doux comme une chanson. Cela donna des frissons aux femmes qui n’avaient jamais tué personne, et ce rire cristallin fit également courber la tête aux hommes, tout en les énamourant davantage.

Maxime de Bryon n’était pas sans savoir les racontars du jour. Il fronça le sourcil.

— Je donne, demain, un déjeuner intime, vous viendrez, il faut que je m’habitue à vous !… lui dit Berthe le forçant à s’asseoir sur son canapé pompadour.

— Si je vous suis nécessaire, Madame, j’obéirai. Ils se regardèrent de plus en plus près, un instant. L’œil de ce jeune homme de vingt-cinq ans était profondément vieux, rempli d’un ennui qui excluait tout éclair, toute fièvre ; au coin s’indiquait dans de minces lignes bistrées la patte d’oie tant redoutée.

— Vous êtes depuis longtemps à Paris ?… interrogea Berthe plus intimidée encore par ce regard que par ses deux gants qu’il balançait devant elle.

— Non… je viens de Nice, je resterai ici jusqu’au Grand Prix, puis je me dépêcherai de retourner en province, le bruit de votre monde me fait mal aux oreilles !…

— La province ! Oh ! quelle horreur ! s’écria Berthe.

— Mais, Madame… Maxime n’acheva pas. Il