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De son côté, il se sentait attiré vers cette enfant dont les évanouissements n’étaient pas simulés. Pour se faire pardonner, il tolérait la mère, lui apportait quelques drogues coûteuses qu’elle nommait avec de profonds soupirs, et tenait des discours de collégien au sujet de son avenir dans la nouveauté.

Un matin, le jeune banquier se fit les réflexions suivantes :

— Eh bien ! après tout, si je l’épousais ?… je l’aime comme je n’ai jamais aimé. Pourquoi ne pas légitimer un plaisir qui, je le sens, me tentera tous les jours ?… Suis-je sorti de la cuisse de Jupiter, moi ?… J’ai de l’argent pour deux. Elle est bien élevée, intelligente, fantasque juste ce qu’il faut pour avoir du goût. Ses domestiques feront le reste. Parbleu !…

Le rêve de Soirès était d’ailleurs le rêve inavoué de tous les libertins qui disposent d’ardeurs inépuisables : créer une femme-fille. Avoir sur l’oreiller nuptial ce que l’on va chercher loin de chez soi, quand on respecte l’institution du mariage, et comme il était du Midi, par conséquent capable des inconvenances les plus monstrueuses… il se moqua des gens du Cercle…

Choisissant un moment solennel, la fête de Berthe, il risqua sa demande comme un bon bourgeois amoureux.

Mme veuve Gérond, flairant aussi une excellente occasion dans cet anniversaire, avait mis son costume