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à peu, et le religieux silence des spectateurs, une détonation vibra jusqu’aux croisées du salon. Mme Soirès se leva, toute pâle. Jean Soirès la foudroya d’un regard impérieux… L’opérateur remarqua que son sujet avait parfaitement entendu ce coup de feu, il résolut d’en profiter.

— Jane Sivrac, je vous adjure de dire la vérité… Que vient-il de se passer sous les fenêtres de cette maison ?

— Un malheur ! répondit lugubrement Jane, allant de l’extase à la parole avec une désinvolture très crâne.

— Mais, murmura le docteur Meauze, il faudrait lui enlever tout ce fluide, mon cher général, elle est convulsée cette petite ! Dégagez-la.

On commençait vraiment à s’amuser chez les Soirès. La maîtresse de la maison était d’une pâleur mortelle, son mari fronçait les sourcils, et Jane, réellement inquiète de cette détonation subite, ainsi que le sont toutes les pensionnaires au bruit de la poudre, prenait des allures effarées.

— Oui… oui… un malheur… mais je ne sais pas… c’est dans la rue… un homme qui a tiré…

Il est de toute évidence que les coups de feu sont tirés par un homme, quand c’est dans la rue.

Il y eut une rumeur, les dames firent entendre des exclamations de plaisir.

Le banquier se leva et s’approcha de sa femme qui tremblait.