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milieu de la pièce. Autour de lui tombaient des rideaux compliqués, aux ondulations savantes, à l’aspect étouffant. Les oreillers, voilés d’une dentelle ancienne, n’avaient pas même la franchise du linge cru. Les fauteuils étaient très bas, capitonnés, brochés, entortillés de mille manières. Sur la cheminée trônait une Vénus de marbre rose, les pieds petits, la gorge haute, qui tenait sous l’un de ses bras arrondis l’heure enfermée dans un cylindre de bronze.

Ses yeux étaient mystérieusement tranquilles, un peu baissés vers la terre, et ses narines presque transparentes semblaient humer un parfum de fleurs vraies s’égarant à travers ce riche sanctuaire du sommeil.

En face de sa nudité souriante, un bouquet de violettes de Parme gisait, au centre d’un tapis. Ce bouquet, qu’un geste dédaigneux avait probablement repoussé, gardait une tenue modeste et faisait peine à voir.

Et il allait, se flétrissant, devant l’éternelle Victorieuse comme un incompris, comme un respectueux, mais exhalant une âme qui, peu à peu, remplissait l’atmosphère.

Une jeune femme entra, suivie d’une traîne de tulle ; elle vint regarder l’heure.

— Tiens !… dit-elle avec un certain tremblement dans la voix, il n’est pas encore minuit… ce ne doit pas être fait.

Âgée d’une vingtaine d’années, elle avait des