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— Bonjour, comte… lui dit la princesse de R… qui n’était venue que pour toucher un peu l’épaule de la cataleptique à la mode.

De Cossac s’empressa de charger convenablement son sujet.

— Elle est merveilleuse ! soupira la princesse affolée de magnétisme comme toutes les natures tendres, et peut-être sincère dans son admiration. Elle se disputa un instant avec Raltz-Mailly qui jurait que la veille il avait vu autrement fort : une femme de dix-sept ans pendue au plafond par l’extrémité du pouce.

— Et on la faisait tourner sur elle-même, ajouta madame Cachard triomphante.

Chacun mit du sien. L’un connaissait un sujet qui pleurait d’un œil, riait de l’autre ; celui-ci avait examiné la jambe d’une cataleptique, laquelle jambe était tordue comme un tire-bouchon. Celui-là prétendait que le pire c’est qu’on magnétisait encore mieux les hommes… témoin lui-même : Madame Cachard le jetait par terre en le regardant cinq minutes… elle allait jusqu’à la suggestion mentale et… À ce mot de suggestion ce fut un tumulte effroyable… À entendre ces messieurs, par la suggestion mentale on faisait d’une créature honnête le plus horrible des monstres ; les dames se récrièrent et ne voulaient pas croire… cependant de Cossac raconta qu’il avait fait venir à lui (pour la refuser, s’entend) une fillette de quatorze ans, ignorant jusqu’au nom de l’amour.