Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maxime ne savait rien refuser aux femmes laides, par esprit de caste. Son éducation ne le lui permettait pas,

— Mademoiselle, je vous suis, fit-il, et j’irai avec vous, dans l’autre monde, s’il le faut.

— Pour la retrouver, risqua mademoiselle Freind.

— Je ne saurais comprendre.

— Penh ! faites le monsieur ahuri !… Vous savez que ce malheureux banquier parle de fonder une maison de commerce aux États-Unis… eh bien !… je lui ai écrit pour lui demander une représentation là-bas ! En Amérique, cela est bien vu. Une dame instruite, jolie, sachant toutes les langues reçoit les fonctionnaires et les enjôle… puis elle associe quelques capitaux aux capitaux de la maison sociale… Ce cher Soirès… il est inconsolable… et, chose étrange, depuis ce mois-ci, son chagrin semble augmenté !…

— Vous le consolerez aux États-Unis, Mademoiselle, ne put s’empêcher de répondre le comte de Bryon.

Ils parvinrent au cercle qui se formait autour de Jane Sivrac. La jeune fille, renversée sur des coussins, s’endormait de bonne volonté, selon son habitude. Elle avait acquis, en une année, une souplesse étonnante, moins correcte que la souplesse du clown, mais plus piquante, parce qu’elle se laissait vérifier.

Maxime eut un haut-le-cœur.

— Les atroces gens ! pensa-t-il.