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Mais déjà il s’effaçait derrière l’église du village, tandis que les paysans endimanchés le saluaient respectueusement.

Yvon sortait du pavillon au même moment, il courut chercher le gant, l’apporta à la jeune femme.

— Où va-t-il ? demanda-t-elle bouleversée par cette vision qu’elle n’attendait plus. Le gant contenait un papier.

Yvon se retira par discrétion.

« … Berthe, écrivait le comte de Bryon d’une écriture un peu tremblée, je retourne à Paris… Vous désiriez votre mère, c’est votre époux qui vient ! Oubliez-moi donc tout à fait et soyez heureuse, je n’emporte qu’un souvenir dans mon cœur, mais il vaut un amour… Adieu ! »

Une indéfinissable expression de terreur décomposa les traits de Berthe.

— Le gant… je ne veux pas ce gant ! bégaya-t-elle agitée d’un frisson violent, et elle retomba sur le lit de repos, les mains jointes.

Il lui sembla qu’une nuit épaisse envahissait le jardin plein de roses, le ciel éblouissant, la mer caressante.

Qui donc l’aimait à présent ? Personne ! et elle mourrait deux fois… car Jean venait pour la tuer.

Le gant, par terre, gardant encore la forme des doigts de Maxime, leur tiédeur parfumée, la fascinait comme un reptile. Elle n’osait plus le ramasser… Cependant elle essaya de se baisser pour