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comme une simple ouvrière, je l’élèverai moi-même et je ne m’en séparerai jamais.

— Monsieur ne voudra pas ! objectait la servante timidement.

— Allons donc !… Maxime voudra… il est juste !… je ne peux pas demeurer ici, à sa charge, moi, la femme du banquier Soirès, ayant mis au monde l’enfant de mon mari !

Après un accès de désespoir au sujet d’un gâteau du pays, superbe et doré, que Maxime lui avait fait porter en l’accompagnant d’une supplication brûlante, Berthe résolut d’écrire à sa mère.

Il lui semblait qu’elle enfonçait dans une eau noire comme jadis et elle appellerait au secours, à présent, elle se sauverait malgré eux, malgré ce regard triste l’enveloppant lorsqu’elle se tournait vers son portrait. Ce fut Yvon qui se chargea de mettre la lettre à la poste.

Il la porta au château de Bryonne, obéissant à sa consigne avant d’obéir à son bon cœur.

Maxime la déchira.

— Dans sa situation ? s’écria-t-il, elle est folle… le banquier arrivera pour la tuer, d’abord, et ensuite je doute que sa mère vienne la pleurer… ces gens sont des rustres !… elle le sait bien !… Faites-la manger de force… employez tous les moyens ! Ah ! si je pouvais y aller, moi !…

Yvon revint au pavillon, la mine basse. On manda le docteur, celui-ci ne prescrivit qu’un remède : la mère pour soigner les deux enfants.