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petite porte aux vagues qui baignaient les falaises.

Ses lettres à Maxime devinrent moins pressantes. À quoi bon lui dire qu’elle désirait le voir ? Elle aurait eu honte de son état, honte surtout de lui appartenir comme un objet inutile.

Elle restait couchée des journées, sur une chaise longue, à l’ombre d’un sapin, près du pavillon, les bras ballants le long du corps, les paupières closes, refusant même de causer avec Yvon, et effeuillant distraitement les fleurs qu’il lui apportait. Une fois, elle demanda à la Bretonne d’un ton anxieux :

— Suis-je devenue laide, Anne ?… je sens que je dois être laide !…

Et elle s’efforçait de sourire, mais sa bouche contractée s’y refusait.

— Oh ! Madame, vous laide… au contraire, vous ne paraissez point trop fatiguée… cela va de mieux en mieux !… Et la brave femme, émue de la pâleur toujours croissante de sa protégée, lui serrait doucement la main.

Berthe, en examinant la layette expédiée par la duchesse de Sauvremieux, décida qu’elle serait offerte aux bébés pauvres de Langarek.

— Tout est magnifique, mais je ne veux pas que mon enfant tienne quoi que ce soit de la générosité de M. de Bryon, dit-elle d’un accent irrité.

Il fut impossible de la faire revenir sur son idée.

― Alors comment l’habillerons-nous ? interrogea la servante perplexe. Si nous achetons autre chose