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reçut cette nouvelle, se trouvait en Italie ; il collectionnait dans les ruines de l’ancienne Rome des marbres qu’il destinait au petit musée de son château de Bryonne ; il voulait qu’elle eût la moitié de ses distractions, un raffinement de courtoisie, et il envoyait des pierres sculptées à cette affamée de consolations.

Il eut un froncement de sourcils.

— Enceinte de trois mois !… pensa-t-il… elle est perdue si le mari la retrouve… comment pourra-t-elle lui prouver ?… Allons donc !… Il ne la retrouvera pas… je ne le veux pas !

Et le comte répondit à Berthe, qui le remerciait de l’envoi de son portrait, une longue lettre où il lui révélait avec le tact, la délicatesse d’une mère, qu’elle aurait bientôt à préparer un berceau.

En lui parlant de son état, Maxime souffrait sincèrement. Son poème était bien détérioré par l’affirmation soudaine des droits de l’époux de jadis !… il était devenu l’arbitre absolu de cette âme naïve, mais le rêve résisterait-il à la réalité ? Adorerait-elle toujours l’amant, qui l’avait troublée une seconde pour la ravir éternellement au bonheur chaud d’une affection sensuelle, quand elle tiendrait un enfant dans ses bras… Un enfant de son mari, Un enfant légitime qui ressemblerait à son père peut-être ?…

Maxime, cependant, songea, avant toutes choses, à faire son devoir de galant homme ; il joignit à ses explications délicates les lettres de Berthe, les lui