Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les femmes sont des magiciennes, en faisant croire au bien, ou en apprenant le mal, quelquefois capables des deux choses… Rachilde, élevée plus en garçon qu’en femme, ne sut jamais les comprendre ; elle allait à elles les yeux fixés droit dans leurs yeux répondant « oui ! non !… » disant tout haut ce qu’il fallait dire tout bas, s’indignant, serrant les poings ou se réservant stupidement dédaigneuse. Elle les comprit plus tard, toujours trop tard !…

Et elle descendit un à un les échelons de la misère littéraire, la pire misère. Son premier roman Monsieur de la Nouveauté, édité chez Dentu, lui rapporta deux ans après son apparition 256 francs !… C’était beau. M. Dentu est mort ; de son vivant j’aurais dit : C’était peu. Et Rachilde, pour comble de plaisir, s’offrit un transport au cerveau sous le spécieux prétexte que Catulle Mendès était un homme séduisant. Je vous assure que tout est absurde dans cette histoire… Elle vit Catulle Mendès, l’écouta, ne l’aima pas, mais faillit l’aimer. Or, aimer le beau Mendès, pour une folle c’était la folie furieuse, car, en vérité, on n’est pas la maîtresse de Catulle lorsqu’on a une valeur quelconque… il faudrait s’humilier tant et tant à côté de cette péremptoire personnalité… sans compter l’inconstance prestigieuse de l’homme. Elle ne fut donc pas la maîtresse de Catulle, et le docteur Lassègue dut venir (visite de charité) étudier l’étonnant problème de l’hystérie arrivée au paroxysme de la chasteté dans un milieu vicieux.

Rachilde fut sauvée, point par l’éminent docteur, par sa mère, simplement… C’est toujours ainsi que les médecins sauvent les enfants, ils se font aider par les mères. Quelquefois on les paye pour cela. Rachilde resta deux mois paralysée des jambes, repliée sur elle-même, recevant les seules visites des excellentes amies de sa mère (qui avaient d’elle une