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riant, lui adressant des questions, lui tendant des fleurs, lui lisant les passages de ses auteurs préférés.

Au crépuscule elle alla s’asseoir sur un roc tapissé de varechs, où les oiseaux de mer avaient des nids, qu’elle appelait berceau des mouettes, parce que le mouvement des lames en bas et la fuite des nuages en haut semblaient entraîner ce roc dans une course perpétuelle. Berthe se sentait plus souffrante qu’à l’ordinaire, elle voulait leur cacher ce malaise empirant malgré la tranquillité apparente de son visage. Oh ! ce portrait ! il lui donnait un nouveau regain de tendresse, mais combien inutile, cette tendresse !

Son cœur se tordait dans des spasmes incompréhensibles, elle avait le cerveau lourd, et quand elle se penchait vers cette eau grondante dont l’écume rejaillissait jusqu’à ses pieds, elle s’imaginait que son corps se faisait de plomb.

— Maxime, murmura-t-elle, ai-je encore longtemps à souffrir ?… Mon courage s’en va… Maxime… rien qu’un portrait… ce n’est pas toi !

Elle demeura là, immobile, contemplant une mouette blanche qui n’osait pas rentrer au nid et avait peur de la robe flottante de la jeune femme.

Yvon vint chercher madame Soirès à la nuit close.

— C’est imprudent, lui dit-il, vous tousserez demain !… et nous ne pourrons pas pêcher. Vous savez, Madame, que nous nous embarquons demain ?

Elle se laissa ramener comme une enfant, et rete-