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tue ! » Maintenant, je renais, je dors bien et j’apprends ce fameux idéal… par où j’aurais dû commencer. »

» Vous me dites de vous écrire tout ce que je pense. Mais je pense à toi !… tout ce que je fais, je prononce ton nom et je regarde la mer. Voilà.

» Puisque vous n’êtes jamais venu à Langarek demeurer même une heure, je vais vous expliquer comment j’y suis.

» Vous n’y viendrez d’ailleurs jamais, n’est-ce pas ? Il ne faut pas tenter Dieu, dites-vous, et cela est très raisonnable…

» Alors je vous dois un tableau de ma maison.

» Quand je suis arrivée, il y a deux mois, je crois, j’étais si malade que je n’ai rien vu d’abord. Il m’a seulement semblé que durant le trajet de Saint-Brieuc au petit village d’ici tout était tranquille comme dans un cimetière. La vieille voiture allait si doucement qu’elle endormait mes douleurs de tête.

» Il pleuvait à verse, comme à Paris ; mais la pluie sentait bon, d’une odeur âcre qui laissait un goût salé sur les lèvres. Nous avons côtoyé la mer un moment, je l’ai aperçue tout d’un coup au détour d’un chemin, si près de moi qu’il me semblait nager dans cette eau, comme j’avais nagé involontairement dans l’eau de la Seine. Oh ! cette affreuse nuit !…

» Et ce doux matin, cher Maxime, quand après un long sommeil je me suis réveillée dans ma jolie