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Un léger éclat de rire, venu du lit, fit retourner la duchesse.

— Pauvres gens !… murmurait Maxime jouant avec un citron dont il respirait de temps en temps l’odeur.

— Que signifie cette plaisanterie, mon cher comte ? vos gens vont à Saint-Brieuc ?…

— Eh ! chère duchesse… une nostalgie sans doute !

L’abbé dans son coin lisait les matines, ne voulant plus se mêler aux aventures sataniques de ce boudoir.

— Monsieur, m’expliquerez-vous ?… s’écria la duchesse pinçant l’oreille du groom avec une indicible colère. Celui-ci demeura muet. Madame de Sauvremieux n’avait plus qu’à préparer elle-même la tasse de bouillon, ce qu’elle fit en poussant des exclamations désespérées. Son favori pris de délire, les domestiques s’émancipant, le monde allait finir d’une bien laide façon !…

— Duchesse ! lui dit Maxime, lorsqu’il eut achevé la tasse, vous êtes un ange de candeur !

À soixante-dix ans, être un ange de candeur vous rajeunit un peu.

— Voyons !… ne vous fatiguez pas, mais écrivez-moi ce que vous avez à me dire, comte, implora la duchesse dévorée par la curiosité, son unique infirmité chronique.

Maxime se pencha vers elle.

— Il y a que vous allez me rendre pour quelque temps le pavillon de Langarek, ma bonne amie ;