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— Et vous satisfait, je présume ? répondit Maxime offrant la main.

Soirès tourna le dos.

— Vous ne la reverrez jamais, dit-il les dents serrées, voilà qui est sûr, je préfère les balles aux serments, moi !

Les témoins protestèrent énergiquement. Bien qu’il ignorassent la cause de ce duel stupide, il se portaient garants de l’honneur de Maxime.

— J’ai tenu mon serment jusqu’à la mort, bégaya le jeune homme, et il crut mourir tant le spasme qui s’empara de lui fut horrible, on le déposa dans sa voiture sans connaissance.

— Le rustre ! s’écrièrent en chœur les témoins, y compris ceux de Soirès.

Quant à Soirès, le dos toujours tourné, le chapeau enfoncé sur la tête, planté comme un arbre qu’on ne déracinerait pas… il pleurait à chaudes larmes !…

Il n’avait jamais haï ce bel enfant de vingt-quatre ans, lui… jamais… seulement il aimait sa femme… et sa femme portait malheur !…

La duchesse de Sauvremieux reçut un télégramme dès que Maxime eut été pansé par un médecin : l’extraction de la balle logée au défaut de l’épaule n’avait souffert aucune difficulté, elle pouvait venir pour embrasser son favori hors de danger, et il aurait encore la force de lui dire :

— Duchesse, je suis bien vengé ; Berthe ne voudra plus vivre avec ce bourreau !

Madame de Sauvremieux pénétra chez Maxime