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d’oranger ! Le comte Maxime, ce n’était qu’un vilain rêve… le fantôme du suicidé… un petit remords de Mi-chat… Parti, il est parti et tu me demeures intacte… je sais bien qu’il ne t’a pas embrassée, va… Cependant… ces loges d’Opéra, c’est si canaille !… Oh ! l’infernale pensée !… je finis par penser… je deviens un rêvassier aussi, moi… Berthe… ne me repousse donc pas, je croirais que tu es à lui.

La jeune femme se cambrait en arrière pour éviter ses caresses. Il bondit sur ses jarrets d’acier et la coucha tout habillée en travers de leur grand lit.

Elle cria de rage et voulut atteindre le cordon de la sonnette.

— Mi-chat volontaire, voilà qui est amusant ! Tiens, tu me rends fou, je te veux tout de suite avec ce costume de courtisane… je te veux.

Berthe chercha son poignard à sa ceinture d’or, elle ne savait plus si elle avait son mari devant elle. Cet homme la glaçait d’épouvante, et elle se défendrait. Lui, riait d’un rire que l’ivresse rendait étrange. Son amour se mélangeait de désespoir forcené, il lui semblait qu’en la violant il allait la reprendre au souvenir du comte de Bryon.

Berthe défaillante perdit complètement la raison, ne sachant même pas ce qu’elle disait, elle balbutia les yeux fermés :

— Maxime à moi, Maxime, je meurs…

Jean poussa un rugissement de tigre, ses doigts se crispèrent à la gorge de sa jeune femme qui se tordit, les yeux hagards…