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réclameriez des baisers… et quand on vous donne des baisers, vous réclamez des chansons !… Comment se tirer de là ?… Mon Dieu… j’ai envie de pleurer… ma joue brûle… le vin était détestable, et ce comte… je le tuerai. Berthe, ta robe est-elle rouge ou est-ce du sang qui coule ? Réponds-moi donc… tu tournes la tête… je te fais horreur… oh ! ne répète pas ça… si j’ai eu tort, bien tort de t’insulter, j’ai tellement souffert après quand je t’ai vue partir avec lui ! Je vais t’avouer une chose… je suis jaloux… jaloux… et je me cache pour ne pas le crier, car tu te moquerais de moi. C’est un orgueil bête… tiens, mettons que je suis gris… comme nous serions encore heureux !… comme nous nous aimerions… Mi-chat !… cette jalousie brouille tout… je vois rouge… rouge… c’est ce manteau. Tu veux te sauver ? tu ne pourras pas… je suis assez fort pour te tuer, rien qu’en te serrant le poignet… tu te rappelles, tu as la marque… regarde !… Ne bouge plus… avant de t’aimer à mon aise j’ai besoin de te parler beaucoup… je comprends que je ne te parle pas assez tous les soirs… je suis un rustre, c’est convenu… Et puis la poésie… ça m’exaspère !… Nous avons de l’or pour acheter tous les poètes de la terre, nous. À quoi bon rimer, dis… est-ce que ce n’est pas meilleur de voir les étoiles de son alcôve ?… c’est toujours les étoiles, mais c’est aussi une alcôve… Détache tes cheveux de vieille dame… n’as-tu pas déjà quatre ans de mariage ! et je t’aime comme le jour des guirlandes