Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

Olga Freind se récria, de Cossac tira si bien la manche qu’il tenait que l’habit se déchira. Berthe poussa une exclamation douloureuse : son mari avait pu saisir son poignet qu’il broyait dans une brutale étreinte.

— Vous êtes un misérable ! dit le comte de Bryon, et, irrité, cette fois, hors de lui, il envoya son gant à la face du banquier.

Un tumulte indescriptible suivit le geste du jeune homme. Soirès voulait l’écraser sur place, répétant ;

« Je le tuerai ! je le tuerai ! »

On finit par les séparer ; un groupe entraîna Maxime avec le domino rouge. Desgriel haussait les épaules.

— En vérité, c’est un fort de la Halle, ce Soirès ; je ne conçois pas que la petite n’y tienne pas davantage.

Comme l’histoire menait grand bruit déjà dans le foyer, on hua le domino rouge et le comte eut beaucoup de peine à sauver Berthe d’un scandale encore plus terrible.

Il la mit en voiture, donna lui-même l’adresse au cocher, d’une voix très basse, puis retourna au bal pour y chercher deux témoins.

— Eh bien ! mon page, demanda la duchesse quand Maxime lui revint, un peu pâli, la lèvre mordue, le sourire contracté… quelle nouvelle m’apportez ?

— Inutile de quitter nos habits roses et nos airs de gaîté, Madame la duchesse, répondit-il, en lui offrant une boîte de fruits qu’il avait été prendre chez Charbonnel, votre serviteur se bat demain au