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ne voulait pas aller jusqu’à l’ignominie du souper de la Maison d’or ; elle n’irait pas.

Maxime l’attendait très anxieux.

— Courage, mes amis ! leur cria la duchesse les regardant s’éloigner.

— Berthe, murmura doucement le comte, ralentissant sa marche, quoi qu’il arrive, ne vous emportez pas… je vais vous prouver que « le lâche » sait défendre une femme à l’occasion.

Elle s’appuyait, chancelante, sur son bras.

— Oh ! je suis maudite, bégaya-t-elle, je suis maudite !

— Vous êtes une enfant, voilà tout ; une enfant mal dirigée, plus mal aimée. Berthe, détournez un peu vos beaux yeux que je crains de rencontrer, par conséquent de voir ; ramenez votre pèlerine sur votre sein… là, je désire que M. Jean Soirès ne puisse rien me reprocher, si les choses s’enveniment.

Ils s’approchèrent d’un balcon. La féerie se déroulait toujours le long des rampes monumentales, les étoffes chatoyaient, les lustres éblouissaient, et, de ci de là, comme une fusée d’artifice, partait l’éclair d’une pierre précieuse ou le coup d’œil d’un passionné.

Berthe, drapée des plis sanglants de son manteau, s’abîmait dans une muette extase. Comme elle comprenait, à présent, la beauté de ce spectacle L.

N’osant plus le regarder, lui, elle désirait que cette minute merveilleuse fût éternelle.

Ils étaient tous les deux dans un palais magique,