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mêler aux intrigues du jour, malgré son âge, s’empressait de déboucher son flacon de sels.

Maxime échangea avec la vieille dame des explications rapides.

— Une vengeance, alors, dit Madame de Sauvremieux. Cependant si cette femme nous trompait… si c’était en réalité une petite coureuse… nous mystifiant.

Elle voulut enlever le masque du domino rouge. Maxime se rejeta en arrière.

— Vous oubliez, duchesse, qu’un serment me lie.

Il y eut un silence. La duchesse admirait son élève et elle lui tendit ses doigts fins.

— Comte… je vous fais mes excuses… retirez-vous… je vous rappellerai.

Au sortir de son évanouissement, Berthe raconta sa triste histoire. La douairière l’embrassa en pleurant, et pendant que l’orchestre achevait la polka des Cloches de Corneville, les deux femmes s’essuyaient les yeux.

— Votre mari a besoin d’une rude leçon, déclara la duchesse, il faut que le comte la lui donne.

Berthe renoua les cordons de son masque.

— Je vais me retirer, Madame ; si Monsieur de Bryon veut bien m’accompagner, je saurai le retrouver ; ma place n’est plus ici.

Une grande résolution éclairait le regard de Berthe. Que lui importait à présent la dignité d’un époux qui se déshonorait en la déshonorant ? Elle