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garçonner… Un vrai brandon, Messieurs, il va me fournir des chroniques épouvantables… car ces maris lâchés sont les êtres les plus pervers qui soient !…

— Comment, Desgriel, marmotta le vieux général, vous allez à la Bourse, vous ?

— Sans doute… puisque la Bourse est venue à moi, je lui rends ses visites. Affaires de pures convenances, fit Desgriel, le poète enrichi dans les rimes millionnaires.

— Pauvre petite Berthe ! soupira Raltz-Mailly, mettant sa lorgnette au point.

Un domino passa couvert de dentelles blanches, de la tête aux pieds.

— Oui, mes enfants, jeta-t-elle d’une voix joyeuse, les mariages d’amour sont tous les mêmes… feux de paille, feux de la Saint-Jean !…

— Qui es-tu toi qui a presque de l’esprit ? interrogea Desgriel essayant de soulever un coin de voile.

Mais le domino de dentelles lui fit l’effet, de près, d’un homme déguisé. L’absence complète de gorge rendit le poète plus froid.

— Mademoiselle Olga Freind, dit-il à mi-voix, j’ai absolument horreur de ce commis aux écritures dès autres. Pouah !… Quand les femmes de lettres ne sont pas des catins, à quoi peuvent-elles bien servir ?

— Voilà notre ami et sa belle. Attention ! annonça le vicomte de Mailly.

Il était minuit et un flot de masques mélangés de beaucoup d’habits hoirs montait le grand escalier