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des explications inutiles ?… On s’entend à demi-mot entre Parisiennes.

Berthe sauta, en effet, dans un fiacre ; seulement elle donna au cocher l’adresse du comte Maxime de Bryon.

Nous pouvons répondre que, jusqu’à ce moment, elle se jurait qu’elle irait chez sa mère !…

Lorsque le fiacre s’arrêta devant le no 12 du quai d’Orléans, elle se dressa épouvantée. La faute était, en partie, commise. En payant sa voiture, elle laissa glisser deux pièces d’or sur le trottoir, et n’osa les ramasser parce que le cocher aurait pu voir sa figuré à la lueur des lanternes.

— Que diable, ma bourgeoise ! lui cria l’honnête homme, faut pas croire qu’il n’attendra pas, votre amoureux !…

Mais Berthe s’était déjà élancée dans l’escalier de service que lui indiquait le concierge.

Berthe, la poitrine haletante, fut obligée de s’appuyer le long de la rampe. Elle se demandait, prise d’un serrement de cœur inexprimable, pourquoi il l’avait réduite à cette odieuse extrémité : le venir trouver chez lui !… Et quand elle entendait le moindre bruit, elle s’imaginait que quelqu’un riait derrière elle.

Elle poussa une petite porte matelassée, puis une autre à serrure très solide dont les gonds avaient des ressorts et qui se referma dès qu’elle eut pénétré dans l’appartement du comte. Elle resta une seconde éblouie par une profusion de bougies allumées. Sans