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mort. Adieu, le gant est brûlé… nous sommes quittes.

Berthe se cacha la tête dans ses deux mains. Le comte s’éloigna d’un pas mesuré.

À cette minute suprême, une révolution sembla s’opérer chez la créature ignorante et folle… elle fut envahie par une terreur extraordinaire, il lui sembla que tout la quittait à la fois, elle oublia complètement son mari pour ne se rappeler que le sourire de cet être égoïste qui avait la chance de posséder un sourire affectueux. Une douleur poignante la prit au cœur, une douleur qui ne venait pas de la chair, mais qui lui donnait l’âpre désir de s’immoler tout de suite au caprice de ce passant.

— Maxime, fit-elle d’une voix brisée, Maxime, j’avais tort… je ne me comprenais plus moi-même… Je crois qu’une fatalité singulière nous attire l’un vers l’autre… c’est justice, d’ailleurs, l’amour doit être vengé par l’amour… Ne me torturez pas davantage… car je vous aime !… Elle glissa sur les deux genoux, lui découvrant son charmant visage ruisselant de larmes.

Maxime cessa de s’ennuyer durant cette scène. Il eut aussi le loisir d’étudier toute la gamme des frissons délicats.

— Berthe, dit-il enfin, lui prenant les bras pour la relever mais ne la relevant pas encore, vous avez mal aux nerfs… ou vous croyez que les hommes de ma trempe ont des secrets que votre mari ne possède pas. Demain vous aurez oublié… je vous