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Il s’assit à l’extrémité du sopha, ne se souciant pas de la frôler.

— Vous regrettez le musée de Cluny ? fit Berthe, au hasard.

— Moi, Madame !… je suis de ceux qui n’ont pas de regrets en présence d’une jolie femme !…

— Dites un peu, monsieur de Bryon, puisque vous vous amendez, vous m’en voulez encore de la réception que je vous ai faite le soir où… votre gant était rouge ?

— Vous m’avez donc mal reçu, ce soir-là ?…

— Vous l’avez oublié, Monsieur, scanda Berthe, bouleversée par cette indifférence.

— Pardonnez-moi, dit-il, je suis un sauvage… Mais n’est-il pas juste que vous me fassiez peur ?

Elle eut un frisson. Comme si ce n’était pas le contraire !

Alors, sans transition, ils causèrent de choses plus intimes. Elle lui donna des nouvelles de Caderousse, avoua que l’approche du carême l’ennuyait.

— Vous retournez à Nice… ah ! vous êtes heureux, vous êtes libre… Mon mari ne peut pas quitter ses affaires une minute.

Il se rapprocha pour jouir de la fraîcheur envoyée par l’écran de plumes que Berthe balançait.

— Votre mari vous adore, n’est-ce pas ? fit-il avec un sourire très calme.

— Sans doute… mais il est brutal, déclara-t-elle comme si elle venait d’apprendre cela le jour même.

— Les meilleurs maris ! murmura Maxime sou-