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âgées ou jeunes, et là, bien assis, devant un feu clair, ou au fond d’une serre odorante, il causait de mille choses futiles comme on savait en causer du temps de Julie d’Angenne.

Après ses études archéologiques, il se rendait vers quatre heures chez la vieille duchesse Louise de Sauvremieux, rue de Lille, traversait une cour spacieuse aux pavés encadrés d’herbe bien verte, montait un perron de marbre immaculé, souriait au gros suisse somnolent ; puis, d’une voix basse, il consultait une soubrette accourue.

— Je vais voir si Madame la duchesse est prête, lui répondait-on invariablement.

Or, on l’attendait tous les jours, mais la vieille dame accordait une faveur lorsqu’elle accordait quelque chose.

Lui, habitué, car durant chaque voyage à Paris il venait tous les soirs chez la duchesse, arpentait le salon d’attente d’un air presque fat, ne doutant pas de sa prochaine introduction. La soubrette soulevait une draperie, faisait un signe mystérieux et il s’enfonçait avec elle dans une enfilade de pièces mornes.

Au bout s’ouvrait un boudoir ovale, lambrissé de bois verni blanc, avec draperies de satin Louis XVI rebroché de nœuds de dentelles. Là, sur une causeuse aux fins pieds cannelés en fuseaux se tenait demi-couchée Louise de Sauvremieux, la plus curieuse vieille femme du faubourg Saint-Germain. Si elle avait quitté la façade de son hôtel donnant