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tants de dégoût. Au demeurant, le démon le plus aristocratique du jeune enfer !…

Le comte Maxime de Bryon avait vingt-cinq ans. Orphelin, il se gouvernait seul parmi les différents mondes, se créant un centre artistique formé rien que de lui. Il était suffisamment riche, de tempérament froid et considérait la femme comme une ornementation de l’existence. Il était artiste en ce sens qu’il pouvait peindre quand il s’ennuyait de sculpter et jouer du piano quand la littérature ne l’intéressait plus que d’une médiocre manière. Il évitait avec soin le journaliste, davantage le monsieur cherchant un nom dans les arts. Il travaillait pour sa propre satisfaction, éloigné des critiques, y mettant la passion absolue et mauvaise qui vous empoigne parfois pour la maîtresse qui vous a trahi.

Sa force était de ne pas croire au besoin du travail. Cela le faisait travailler avec conscience.

Au physique, il plaisait par hasard. Quand on se prenait à le regarder sous certain jour, il devenait alors d’une beauté géniale. Il avait le teint plombé, les narines tirées, les paupières bistrées et quelque chose de doux dans la prunelle vous restant, après le départ de ses yeux, comme une caresse chaste. Ses allures, d’une distinction rare, évoquaient l’image d’un prince un peu triste, regrettant je ne sais quel royaume perdu.

Maxime aimait la province comme tous les gens distingués, et se servait de Paris comme tous les savants.