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À M. D’ARMILLY.
Il lui écrit les particularitez de la mort de N…1.
Lettre II.

Monsieur,

J’avois de l’impatience de sçavoir les particularitez de la mort de N…, autant pour ma satisfaction que pour vous tenir la promesse que je vous avois faitte de vous les mander. En effet, il sembloit que tous ceux qui l’avoient connu estoient attentifs à voir quelle seroit la fin de sa tragédie ; mais celuy qu’il avoit tant de fois offensé n’a pas voulu luy donner le moyen de se dédire de ses blasphèmes, ni à nous celuy de contenter notre curiosité. Estant tombé malade sur le chemin d’Orléans, en allant voir un de ses amys, d’une fièvre tierce ou double tierce causée par l’excès de ses desbauches, il ne laissa pas de continuer à se nourrir de tous les fruitcs que la mauvaise température de cette année avoit plustost corrompus que meuris, et néantmoins sa bonne constitution lui fit résister à son mal et à ce désordre beaucoup plus longtemps qu’il ne devoit ; mais enfin, après avoir esté plus d’un mois sans


1. Nous sommes dans une complète ignorance touchant l’homme dont on raconte ici la mort. C’étoit sans doute quelque Desbarreaux du temps. Quant à M. d’Armilly, à qui est adressée cette lettre, c’est probablement le même que celui du sonnet : Ne t’étonne, Damer… (p. 205).