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Et foule aux pieds leur diadesme.
On y voit ces conceptions
Qui donnent à nos passions
Des peuples entiers pour complices,
Celles qui les font soulever,
Et celles qui leur font trouver

En la mort mesme des délices.

C’est elle qui, dans les tempestes
Du populaire mutiné,
Retient par l’oreille enchaisné
Ce cruel Tiphon à cent testes ;
C’est par leurs effets differens
Qu’on voit arracher les tyrans
D’entre les bras de la fortune,
Ou qu’ils sçavent s’y maintenir,
Et qu’ils ont le pouvoir d’unir
Toutes nos volontez en une.

Bel esprit par qui tous les hommes
Sont visiblement devancez,
La honte des siecles passez,
Et l’honneur du siecle où nous sommes ;
Dieu d’éloquence et de sçavoir
Dont les écrits se feront voir
Triomphans de la destinée,
Te sçaurois-je rien immoler
Qui puisse jamais égaler
La gloire que tu m’as donnée ?

En vain dans le marbre et le jaspe
Les rois pensent s’éterniser ;
En vain ils en font épuiser
L’une et l’autre rive d’Hydaspe ;
En vain leur pouvoir nompareil
Éleve jusques au soleil
Leur ambitieuse folie :
Tous ces superbes bastimens