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Préface.


mais à quel système s’arrêter ? Le plus naturel sans doute eût été de tout rapporter à l’orthographe de Racan lui-même. Hélas ! si notre respect pour sa dignité d’écrivain pouvoir nous permettre de donner un fac-simile des quelques pièces autographes que nous connoissons de lui, on verroit ce que c’étoit que l’orthographe de Racan. Maucroix écrivoit un jour à Boileau : « Ne trouvez vous (pas plaisant que j’écrive des vers (à l’occasion d’une citation de Malherbe écrite d’un trait) comme si c’étoit de la prose ? Racan n’écrivoit pas autrement ses poèmes. » Assurément, c’est là un exemple fort curieux des libertés que Racan étoit généralement disposé à prendre. Eh bien ! son orthographe n’étoit guère moins curieuse, et l’on a déjà vu dans la préface, l’on verra bientôt ailleurs, jusqu’où alloit sa parfaite incurie sur ces points-là. Nous aurions pu nous renfermer dans orthographe d’une époque, mais l’orthographe du temps de Racan étoit quelque chose de si variable, de si peu arrêté, que souvent le même mot est écrit d’une manière différente dans la même édition, quelquefois dans le même morceau tiré des recueils contemporains. Nous nous sommes donc déterminé à laisser à chacune des productions de notre auteur l’orthographe des sources mêmes où nous avons puisé. C’est toujours l’orthographe de tel ou tel moment du xviie siècle, et il nous a paru, en définitive, que cette sorte de chronologie matérielle pouvoit bien avoir aussi son genre d’intérêt.

T. DE L.