Un conseil, auquel assistaient les quatre amis fut aussitôt tenu : Anatole, Toutenbec, Biscotte et Tartarin furent appelés à donner, chacun, son avis.
La décision fut prise de débarrasser, à
tout prix et par tous les moyens, le pays
de la présence de cet ours qui, non content
de dévaliser les basses-cours, démolissait
les clôtures et dévastait les ruches
d’abeilles.
Mais, pendant tout le temps de cette
discussion en Conseil, Tartarin, perché
sur une branche, avait entendu une certaine
conversation de villageoises, et il
avait prêté l’oreille.
— Moi, disait l’une, charcutière de son métier, il me reste encore un petit tonneau de salaisons dont je me débarrasserais pour pas cher.
— Et moi, répondait l’autre — une fermière — je viens d’acheter chez le pharmacien un petit flacon de pilules… oui… pour mon mari… il manque de sommeil, le pauvre homme.
C’était là, il faut en convenir, une conversation profitable.
On s’arrêta donc au plan que voici… plan dont l’auteur était Anatole : d’abord et avant tout, s’emparer du tonnelet de salaisons et du flacon de pilules.
— Bravo… D’accord… criaient les amis.