II.
Chroniques de Gargantua antérieures au Gargantua
de Rabelais.
harles Bourdigné, dans une Ballade aux lyſans, placée en tête de La Légende ioyeuſe maiſtre Pierre Faifeu, s’exprime ainsi :
De pathelin nayez plus les canticques
De iehan de meun la grant iolyuete
Ne de villon les ſubtilles trafficques
Car pour tout vray ilz nont que nacquelle
Robert le dyable a la teſte abolye
Bachus ſendort & ronfle sur la lye
Laiſſez eſter caillette le folaſtre
Les quatre filz aymon veſtuz de bleu
Gargantua qui a chepueulx de plaſtre
Voyez les faitz maiſtre pierre faifeu
L’édition originale de cet ouvrage n’est point datée, mais l’encadrement dont le frontispice est entouré porte, à droite & à gauche, le millésime de 1526.
C’est ici que Gargantua nous est présenté pour la première fois, comme le héros d’un récit populaire, antérieur au roman de Rabelais, & qui se trouvait dès lors entre les mains de tout le monde.
On possède aujourd’hui trois éditions d’une narration de ce genre, antérieures toutes trois au Gargantua de Rabelais :
1o — Les grandes et inestimables Cronicques : du grant & enorme geant Gargantua… Imprime nouuellement. 1532. (À la fin) : A Lyon.
Petit volume in-4o, de seize feuillets non chiffrés, imprimés à longues lignes, au nombre de trente sur les pages entières, caractères gothiques, signatures, A.-D. Si nous ne le décrivons pas ici plus longuement,