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chapitre l.


ment celluy bon Dieu en terre, duquel voyant seulement le portraict, pleine remission guaignons de tous nos pechez memorables : ensemble la tierce partie avecques dixhuict quarantaines des pechez oubliez. Aussi ne la voyons nous que aux grandes festes annueles.

Là disoit Pantagruel, que c’estoit ouvraige tel que les faisoit Dædalus. Encores qu’elle feust contrefaicte, & mal traicte, y estoit toutesfoys latente & occulte quelque divine energie en matière de pardons.

Comme, dist frère Ian, à Seuillé les coquins souppans un iour de bonne feste à l’hospital, & se vantans l’un avoir celluy iour guaingné six blancs, l’aultre deux soulz, l’aultre sept carolus, un gros gueux se ventoit avoir guaigné troys bons testons. Aussi (luy respondirent ses compaignons) tu as une iambe de Dieu. Comme si quelque divinité feust absconse en une iambe toute sphacelée & pourrye.

Quand (dist Pantagruel) telz contes vous nous ferez, soyez records d’apporter un bassin. Peu s’en fault que ie ne rende ma guorge. User ainsi du sacré nom de Dieu en choses tant hordes & abhominables ? fy, i’en diz fy. Si dedans vostre moynerie est tel abus de parolles en usaige, laissez le là : ne le transportez hors les cloistres.

Ainsi (respondit Epistemon) disent les medicins estre en quelques maladies certaine participation de divinité. Pareillement Neron louoit les champeignons, & en proverbe Grec les appelloit viande des Dieux : pource que en iceulx il avoit empoisonné son prædecesseur Claudius empereur Romain.

Il me semble (dist Panurge) que ce portraict fault en nos derniers Papes. Car ie les ay veu non aumusse, ains armet en teste porter, thymbré d’une thiare Persicque, Et tout l’empire Christian estant