Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comment par Chiquanous ſont renouuelees les antiques
couſtumes des fianſailles.


Chapitre XV.


Chiqvanovs auoir degouzillé une grande taſſe de vin Breton, diſt au ſeigneur. Monſieur comment l’entendez vous ? L’on ne baille poinct icy des nopces ? Sainſambreguoy toutes bonnes couſtumes ſe perdent. Auſſi ne trouue l’on plus de lieures au giſte. Il n’eſt plus d’amys. Voyez comment en pluſieurs eccliſes on a deſemparé les antiques beuuettes des benoiſts ſaincts OO[1], de Noel. Le monde ne faict plus que reſuer. Il approche de ſa fin. Or tenez. Des nopces, des nopces, des nopces. Ce diſant frappoit ſur Baſché & ſa femme, apres ſus les damoiſelles, & ſus Oudart. Adoncques feirent guanteletz leur exploict, ſi que à Chiquanous feut rompue la teſte en neuf endroictz : à un des Records feut le bras droict defaucillé, à l’aultre feut demanchee la mandibule ſuperieure, de mode qu’elle luy couuroit le menton à demy, auecques denudation de la luette, & perte inſigne des dents molares, maſticatoires, & canines. Au ſon du tabourin changeant ſon intonation feurent les Guantelez

  1. Saincts OO. Prières qu’on faisait pendant les neuf jours précédant Noël, et qui commençaient par O : « O Sapientia… O Adonaï… O Radix… »