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n’a doncques la teste bien cuyte, car il a les yeulx rouges comme un jadeau de vergne… Ceste cuisse de levrault est bonne pour les goutteux. À propos truelle, pourquoy est ce que les cuisses d’une damoizelle sont tousjours fraisches ?

— Ce problesme (dist Gargantua) n’est ny en Aristoteles, ny en Alexandre Aphrodise, ny en Plutarque.

— C’est (dist le moyne) pour trois causes par lesquelles un lieu est naturellement refraischy : primo pource que l’eau decourt tout du long ; secundo, pource que c’est un lieu umbrageux, obscur et tenebreux, auquel jamais le soleil ne luist ; et tiercement, pource qu’il est continuellement esventé des ventz du trou de bize, de chemise, et d’abondant de la braguette. Et de hayt ! Page, à la humerie ! … Crac, crac, crac… Que Dieu est bon, qui nous donne ce bon piot ! …

J’advoue Dieu, si j’eusse esté au temps de Jesu-christ, j’eusse bien engardé que les Juifz ne l’eussent prins au jardin de Olivet. Ensemble le diable me faille si j’eusse failly de coupper les jarretz à Messieurs les Apostres, qui fuyrent tant laschement, après qu’ilz eurent bien souppé, et laisserent leur bon maistre au besoing ! Je hayz plus que poizon un homme qui fuyt quand il fault jouer de cousteaux. Hon, que je ne suis roy de France pour quatre vingtz ou cent ans ! Par Dieu, je vous metroys en chien courtault les fuyars de Pavye ! Leur fiebvre quartaine ! Pourquoy ne mouroient ilz là plus tost que laisser leur bon prince en ceste necessité ? N’est il meilleur et plus honorable mourir vertueusement bataillant que vivre fuyant villainement ? … Nous ne mangerons gueres d’oysons ceste année… Ha, mon amy, baille de ce cochon… Diavol ! il n’y a plus de moust : germinavit radix Jesse. Je renye